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de la grande étendue de l’île. Les Espagnols aperçurent aussi sur la plage des cochons qui ne différaient pas de ceux de leur pays.

Les Indiens qui bordaient le rivage faisaient signe aux Espagnols de descendre à terre ; ceux-ci furent donc étonnés de voir un de ces insulaires sortir de derrière un rocher, se jeter dans la mer avec impétuosité, et nager vers les canots sans marquer aucune crainte. Il était grand, robuste et vigoureux ; ses gestes firent craindre qu’il n’eût de mauvais desseins ; on s’en saisit et on le fit prisonnier ; il portait des bracelets de dents de sanglier. On soupçonna qu’il était un des chefs du pays, ce qui fut confirmé.

En même temps, plusieurs pirogues entouraient la corvette qui était près du rivage ; un Indien consentit à monter à bord : aussitôt on lui mit les fers aux pieds, de peur qu’il ne se sauvât, et l’on se hâta d’arriver à la capitane, qui était à trois lieues au large. L’Indien, se voyant prisonnier, devint furieux, rompit sa chaîne, s’élança dans la mer, et nagea vers la côte. La nuit ne permit pas de le poursuivre ; la corvette continua son chemin.

Cependant on avait amené à Quiros l’Indien fait prisonnier par un des canots. Le commandant ne négligea rien pour le rassurer, le reçut avec bonté, donna ordre de le bien traiter, de lui faire présent d’habits, et de le ramener le lendemain à terre. Sur ces entrefaites, le bâtiment prolongeait le rivage à petites voiles,