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le chef d’escadre fit dresser sa tente, et qu’il choisit pour sa demeure. C’était une clairière de médiocre étendue, éloignée du bord de la mer d’un demi-mille, et située dans un endroit dont la pente était extrêmement douce. Il y avait au-devant de sa tente une large avenue coupée à travers le bois jusqu’à la mer. La baie, avec les vaisseaux à l’ancre, paraissait au bout de cette avenue, qui s’abaissait insensiblement jusqu’au rivage. La clairière était ceinte d’un bois de grands myrtes, rangés en forme de théâtre. Le terrain que ce bois occupait ayant plus de pente que la clairière, et n’en ayant point assez pour dérober la vue des hauteurs et des précipices, ces abîmes augmentaient la beauté de la perspective par le spectacle qu’ils offraient au-dessus des arbres ; et, pour ne laisser rien manquer à l’ornement d’une si belle retraite, deux ruisseaux, d’une eau plus pure que le cristal, coulaient sous les arbres, l’un au côté droit de la tente, l’autre au côté gauche, à la distance d’environ trois cents pieds. »

À l’égard des animaux de l’île, quelques voyageurs assurent qu’ils la trouvèrent peuplée d’un grand nombre de boucs et de chèvres. Leur témoignage est d’autant moins suspect, qu’on n’ignore pas qu’elle était extrêmement fréquentée par les boucaniers et les flibustiers dans les temps qu’ils couraient ces mers. On a même deux exemples : l’un d’un mosquite américain, et l’autre d’un Écossais, nommé Selkirk,