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il se trouvait qu’ils n’en avaient pas fait la moitié. Ainsi, loin d’entrer, comme ils s’en étaient flattés, dans un climat plus doux et dans des mers plus tranquilles, ils se virent obligés de se rapprocher du pôle et de lutter encore contre ces terribles vents d’ouest dont ils avaient tant éprouvé la fureur. Les maladies commençaient à se répandre ; de jour en jour la mortalité augmentait sur chaque bord ; et, pour dernier découragement, l’escadre était fort diminuée depuis trois jours, par la séparation de deux de ses principaux bâtimens, le Severn et la Perle. On ne les revit plus. L’opinion générale fut qu’ayant été moins favorisés que les autres par le vent et par la lune, ils avaient fait naufrage sur la côte.

On fit route au sud-ouest avec un très-beau temps qui dura jusqu’au 24. Mais au delà des 60° de latitude sud, et suivant l’estime à à l’ouest du cap Noir, on retomba dans des agitations si violentes, que le chef d’escadre perdit de vue ses quatre autres vaisseaux, qui, malgré les plus terribles orages, n’avaient pas cessé jusqu’alors de l’accompagner. Il ne les revit qu’à son arrivée à Juan Fernandès ; et pendant le reste du mois d’avril, ayant porté au nord depuis le 22, il continua d’être maltraité par les vents, jusqu’au dernier du mois, que, se trouvant à 52° 13′ de latitude, c’est-à-dire au nord du détroit de Magellan, il se crut assuré d’avoir achevé son passage, et d’être près d’entrer dans le grand Océan. Ce-