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Il y avait sept semaines qu’on était battu de ces effroyables tempêtes, et troublé par les plus cruelles inquiétudes. Presque tous les vaisseaux avaient donné des signaux de détresse. Les uns avaient perdu leurs vergues, d’autres une partie de leurs mâts. Cependant, vers la fin de mars, on se flatta de voir bientôt la fin de tant de maux, parce que, suivant l’estime, on se crut à 10° à l’ouest de la Terre du Feu ; et comme cette distance est double de celle que les navigateurs jugent nécessaire pour compenser l’effet des courans de l’ouest, on se croyait bien avancé dans le grand Océan, et l’on s’efforçait depuis long-temps de gouverner au nord. Le 13 avril on n’était que d’un degré en latitude au sud de l’embouchure occidentale du détroit de Magellan. Les espérances augmentèrent ; mais on faillit de les payer bien cher. La nuit suivante, toute l’escadre aurait échoué sur cette côte, si le temps, qui avait été fort embrumé, ne se fût assez éclairci pour faire découvrir la terre à deux milles. Heureusement la lune fit voir sa lumière, et le vent permit de porter au sud. Par la latitude de cette terre on jugea que c’était une partie de la Terre du Feu, peu éloignée d’un débouquement méridional du détroit de Magellan. Il parut fort étonnant aux Anglais que les courans les eussent jetés si loin à l’est. Toutes leurs estimes les supposaient de plus de 10° à l’ouest de cette terre. Au lieu de 19° de longitude, qu’ils croyaient avoir courus,