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plissent une si vaste étendue de pays. Les vaisseaux qui relâcheront sur cette côte en tireront d’autant plus d’avantage que la chair des chevaux même est une excellente nourriture. Malheureusement la côte orientale des Patagons semble manquer d’eau douce, principal rafraîchissement qu’on cherche dans les voyages de long cours. La terre y paraît imprégnée de sel et de nitre ; et les eaux courantes, aussi-bien que les mares, n’y fournissent guère que de l’eau saumâtre. Cependant, avec une recherche plus exacte, on ne doit pas désespérer d’en trouver d’autre.

Le pays est peuplé d’un grand nombre de vigognes ou guanacos ; mais ils y sont si défians et si légers à la course, qu’il n’est pas aisé d’en prendre. On trouve sur la côte d’immenses troupeaux de phoques et une grande variété d’oiseaux de mer, dont les plus singuliers sont les pingoins ou manchots. Les habitans sont rares sur cette côte orientale. Jamais on n’y en a vu plus de deux ou trois à la fois, et les Anglais de l’escadre n’en aperçurent pas un seul pendant leur séjour au port de Saint-Julien. Ils sont néanmoins en grand nombre vers Buénos-Ayres, et souvent d’incommodes voisins pour les Espagnols ; mais à cette hauteur le climat est plus doux, les perspectives plus variées, et les terres plus étendues. Le continent y a trois ou quatre cents lieues de largeur ; au lieu qu’à la hauteur du port de Saint-Julien il n’y en a guère plus de cent. Ce ne sont peut-être