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structions des capitaines portaient qu’au cas de séparation, le premier rendez-vous serait la baie on le port de Saint-Julien. Ils devaient charger autant de sel qu’il leur serait possible pour leur propre usage et pour celui de l’escadre ; et si, dans l’espace de dix jours, ils n’étaient pas joints par leur chef, ils devaient continuer la route par le détroit de Le Maire, doubler le cap de Horn, et passer dans le grand Océan, où le premier rendez-vous était fixé à l’île de Nuestra-Señora del Socoro. Ils devaient croiser dans ce parage aussi long-temps que leurs provisions de bois et d’eau le permettraient. Lorsqu’elles viendraient à manquer, ils devaient relâcher dans l’île ; ou, s’ils n’y trouvaient pas de bon mouillage, et que le temps fût trop rude pour leur permettre de faire des bordées, ils devaient gagner promptement l’île de Juan Fernandès. Après avoir fait du bois et de l’eau dans cette île, si, pendant cinquante-six jours qu’ils devaient y employer à croiser au large, ils n’avaient pas de nouvelles du chef de l’escadre, ils pourraient conclure qu’il lui était arrivé quelque accident, reconnaître pour leur commandant le principal officier des vaisseaux rassemblés, et regarder comme leur devoir de causer tout le mal possible aux Espagnols par mer et par terre. Dans cette vue, ils ne devaient quitter ces mers qu’après avoir épuisé leurs provisions et celles qu’ils pouvaient prendre sur l’ennemi, avec la précaution néanmoins de s’en réserver assez