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dans ses premiers symptômes, mais dans ses restes mêmes, qui sont très-souvent mortels pour les convalescens. Ils en conservent ordinairement une dysenterie opiniâtre, et des ténesmes qui les empêchent long-temps de reprendre leurs forces. Ce mal croissant de jour en jour, les Anglais se crurent fort heureux, le 18 décembre, d’avoir découvert la terre du Brésil, et de toucher à l’île de Sainte-Catherine, qui offre un lieu de relâche et de rafraîchissement aux vaisseaux qui veulent se rendre dans le grand Océan.

La saison, qui devenait de jour en jour moins favorable pour doubler le cap de Horn, faisait souhaiter impatiemment aux Anglais de remettre à la voile. Diverses réparations nécessaires à l’escadre les retardèrent jusqu’au 18 janvier. En partant de l’île Sainte-Catherine, ils quittaient le dernier port ami où ils s’étaient proposé de toucher, et le reste de leur course ne leur offrait plus que des côtes ennemies ou désertes, dont ils ne pouvaient espérer aucun secours. D’ailleurs, en tirant vers le sud, ils allaient vers des climats orageux, où la crainte des tempêtes et le seul danger d’être dispersés exigeaient de grandes précautions. Après avoir réglé les rendez-vous, Anson, considérant qu’il pouvait arriver à son propre vaisseau, ou de se perdre, ou d’être mis hors d’état de doubler le cap de Horn, commença par établir que l’une ou l’autre de ces disgrâces ne ferait point abandonner le projet de l’expédition. Les in-