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d’eux que l’île se nommait Tucopia, et qu’en dirigeant sa route vers le sud, il rencontrerait de grandes terres dont les naturels étaient plus blancs que ceux qu’il avait vus jusqu’alors. Comme cette île n’offrait aucun port à l’abri du vent, l’on ne s’y arrêta pas ; mais l’on reconnut en la côtoyant, qu’elle abondait en arbres fruitiers. À peine on s’éloignait, que l’Indien qui restait sur la capitane trouva l’occasion de sauter dans la mer. Comme on était au nord, et par conséquent au vent de l’île, il ne douta pas qu’il ne parvînt bientôt à gagner le rivage. On en donna avis à l’amirante pour veiller sur ceux qu’elle avait à bord ; mais, malgré la plus vigilante attention de l’équipage, l’un des deux saisit le moment de se jeter à la mer. Un seul resta : esclave à Taumaco, il se trouvait mieux avec les Espagnols.

Le 25 avril, les premiers rayons du jour montrèrent de l’avant une grande terre élevée : on la nomma Nuestra-Señora de la Luz (Notre-Dame de la Lumière) ; c’est le pic de l’étoile de Bougainville (12° sud).

On eut bientôt connaissance d’une autre terre à l’ouest, d’une autre plus grande au sud, et d’une plus grande encore dans le sud-est. Les montagnes de cette dernière, qui s’étendaient à perte de vue, étaient très-élevées. En gouvernant sur celle qui restait à l’ouest, on découvrit, par-dessus et au delà, une autre terre plus grande qui paraissait encore plus haute. La corvette, s’étant approchée de la côte, vit