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qui ne firent aucun mal. On tira sur eux, on en tua plusieurs ; les autres s’enfuirent en hurlant, et les Hollandais continuèrent leur ouvrage de destruction. Ils cueillirent ainsi huit cents cocos, et rejoignirent leurs vaisseaux. Les insulaires, sauvages et ignorans, tinrent une conduite propre à faire rougir les Hollandais civilisés, et dont les chefs au moins devaient être éclairés. Voyant que les étrangers avaient un besoin de vivres si pressant qu’ils coupaient les cocotiers, ils vinrent dans plus de deux cents pirogues apporter des vivres aux vaisseaux. On les troqua contre toutes sortes de marchandises ; tout se passa fort paisiblement, sinon que les Hollandais ne laissaient monter à bord que quelques sauvages à la fois, de peur d’être accablés par le nombre, et qu’ils firent même feu sur ceux qui approchaient trop.

En quittant ces parages, on navigua dans une mer remplie d’un si grand nombre d’îles, qu’on les appela pour cette raison les mille Îles. Les habitans en sont noirs, velus, trapus. Ils n’ont pour vêtement qu’une ceinture large de deux doigts. Ils se passent dans la cloison du nez une cheville de la longueur du doigt. Ces insulaires sont perfides, ajoute Behrens. « C’est la nation la plus méchante de toutes celles que nous avions vues dans la mer du Sud. »

Enfin les Hollandais doublèrent le cap Mabo, et, continuant leur voyage à travers les îles nombreuses qui s’étendent de cette pointe