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prirent rien du tout, et s’en retournèrent chez eux. Le lendemain ils revinrent en plus grand nombre, apportant des cocos, des bananes, des racines, toutes sortes d’herbes, et trois chiens. La veille, nous leur avions expliqué par signes que nous souhaitions avoir des cochons ; ils s’imaginèrent que nous voulions des chiens. Ils nous prièrent avec instance d’aller à terre ; mais nous n’osions pas nous y fier, et nous étions en trop petit nombre pour nous défendre en cas d’attaque. »

Les Hollandais se conduisaient avec douceur avec les habitans d’Arimoa, parce qu’ils jugèrent que l’île était très-peuplée, et que, s’ils essayaient d’user de violence, ils pourraient être accablés par le nombre. S’étant aperçus que l’île de Moa ne renfermait au contraire qu’une population peu considérable, ils conçurent le dessein d’y entrer et d’en enlever le plus de vivres qu’il leur serait possible. En conséquence, ils descendirent en différens endroits de la côte, après être convenus qu’une partie des équipages s’enfoncerait dans l’île pour prendre ce dont on avait besoin, et qu’au premier signal tout le monde se rejoindrait. Comme ils n’avaient pas l’agilité nécessaire pour grimper au haut des cocotiers et y cueillir les fruits, ils abattirent les arbres. C’était se montrer plus barbares que les sauvages les plus brutes. Les insulaires, cachés dans les buissons, s’apercevant du ravage que des étrangers commettaient chez eux, les accablèrent d’une grêle de flèches