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réflexions remarquables par leur sagesse sur la conduite à tenir envers les habitans des pays nouveaux. « C’est, dit-il, une erreur de croire qu’on ne peut découvrir des pays sans une troupe de gens armés. Si les habitans sont guerriers, on les irrite, on en fait des ennemis qui rôdent nuit et jour pour vous surprendre, vous priver de vivres, et de toutes les choses nécessaires. S’ils sont lâches, ils vous fuient, vous trahissent, et vous trompent. Le meilleur moyen sera toujours la douceur et les bons traitemens : c’est le seul qui puisse suppléer à la langue qu’on ignore, et servir à se faire entendre. On s’attache les habitans lorsqu’on est dans l’heureuse nécessité de s’en faire aimer ; on en connaît bientôt les mœurs, on en apprend l’idiome, on leur est utile, et on l’est à soi-même. » Mais revenons à notre voyage.

En quittant les îles Bauman, l’amiral continua de faire route au nord-ouest, dans l’intention où il était toujours de s’élever jusqu’au parallèle de la Nouvelle-Bretagne. Le lendemain du départ il découvrit deux îles qu’il prit pour l’île des Cocos, et l’île des Traîtres, découvertes par Le Maire et Schouten. Mais, en comparant la position respective des découvertes et la nature des îles, on voit que celles que rencontra Roggeween diffèrent des autres, et qu’elles doivent être nommées, d’après lui, îles de Roggeween. Leur pointe la plus occidentale est située par 11° de latitude sud, et 158° 30′ à l’ouest de Paris.