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diffèrent à cet égard des Européens qu’en ce que quelques-uns d’entre eux ont la peau brûlée par le soleil. Leur corps n’est point peint de diverses couleurs comme ceux des habitans des îles qu’on avait découvertes dans le cours du voyage. Une espèce d’étoffe de soie (sans doute, faite de l’écorce du mûrier à papier), artistement tissue et ornée de franges, les couvre depuis la ceinture jusqu’aux talons : un chapeau de même étoffe, très-fin et très-large, met leur tête à l’abri des ardeurs du soleil ; et des colliers, composés de toutes sortes de fleurs odorantes, forment plusieurs révolutions autour de leur cou. Leur physionomie annonce de la bonté ; ils sont vifs et gais dans leur conversation, doux, humains et bienfaisans les uns envers les autres ; leurs manières et leurs procédés ne laissent rien apercevoir qui tienne du sauvage ; il faut avouer que c’est la nation la plus humanisée et la plus honnête que nous ayons vue dans la mer du Sud : charmés de notre arrivée, ils nous reçurent comme des dieux ; et lorsque nous nous disposâmes à partir, ils témoignèrent les plus vifs regrets ; la tristesse était peinte sur tous les visages. »

Il paraît, comme nous l’avons observé plus haut, que la leçon donnée par les naturels de l’île de la Récréation aux Hollandais avait profité à ceux-ci, car ils ne débutèrent pas, dans l’île Bauman, ainsi qu’ils avaient fait précédemment, par fusiller les insulaires. Le sergent-major, instruit par l’expérience, fait des