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rent. Le récit que nous fîmes de ce malheureux événement produisît une si grande impression sur nos camarades restés à bord, que dans la suite, toutes les fois qu’il s’agissait d’entrer dans une île, personne ne voulait s’y hasarder. »

On voit que la leçon donnée par les sauvages aux Hollandais policés ne fut pas perdue. Ceux-ci, dans leur relation, n’ont pas manqué de crier à la perfidie, à la cruauté : mais on leur demandera, de quel côté l’agression avait-elle commencé ? et on regrettera qu’ils n’aient pas été plus tôt châtiés de leur férocité.

Les pertes que les Hollandais venaient d’éprouver n’empêchèrent pas qu’en mémoire du soulagement que les productions naturelles de l’île avaient procuré aux malades de l’escadre, dont le nombre croissait chaque jour dans une progression alarmante, elle n’obtînt le nom d’île de la Récréation (Vermaak eylandt). Elle est située par 16° de latitude sud, et 152° 35′ de longitude à l’ouest de Paris.

« Le sol en est très-fertile, dit Behrens ; on y voyait une grande quantité d’arbres, surtout des palmiers, des cocotiers et du bois de fer. Les insulaires sont d’une taille moyenne, forts, robustes, bien faits, vifs, agiles et adroits. Leurs cheveux longs, noirs et luisans, étaient frottés d’huile de coco, suivant la coutume de plusieurs nations indiennes. Ils avaient le corps peint comme les habitans de l’île de Pâques. Les hommes se couvraient le milieu du corps d’un réseau qui leur passait entre les cuisses, mais