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nuit suivante, le vent poussa l’escadre au travers d’un groupe d’îles qu’on ne s’attendait pas à rencontrer, à dix-huit lieues à l’ouest de Carls-Hof. La galère l’Africaine fut brisée contre les écueils, et les deux vaisseaux furent en danger de périr ; ils se trouvaient engagés au milieu de plusieurs îles, et environnés de rochers et de récifs, sans qu’on pût reconnaître par où ils avaient pénétré ; ce ne fut qu’après cinq jours d’inquiétudes et de dangers, et à la suite de plusieurs manœuvres délicates qu’ils parvinrent enfin à se dégager et à gagner la haute mer.

Ces îles sont basses, et quelques parties en sont submergées ; mais les naturels y naviguent avec des canots bien construits, et d’autres embarcations pourvues de voiles et de manœuvres. On distingue quatre îles principales, dont chacune peut avoir six ou sept lieues de circuit, et toutes sont couvertes d’arbres, parmi lesquels on distingue le cocotier. On trouva des perles dans quelques-unes des huîtres qu’on détacha des rochers. On ne vit aucun port, aucune baie où les vaisseaux pussent ancrer avec sûreté. L’île où se perdit l’Africaine reçut le nom de l’île Pernicieuse (het Schadelyk eylandt) ; deux autres furent nommées les Frères (de Broeders) ; et la quatrième la Sœur (het Zuster). Elles sont habitées par une race d’hommes d’une taille plus haute que celle des naturels de l’île de Pâques ; et, dans tout le cours de leurs voyages, les Hollandais n’en