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une grande quantité de poules et de racines apprêtées à leur manière. Un de ces insulaires fut tué d’un coup de fusil dans sa pirogue, sans qu’on pût savoir comment le coup était parti. Cet accident malheureux répandit la consternation parmi les insulaires ; les uns se jetèrent à la mer, et s’enfuirent à la nage ; les autres restèrent dans leurs pirogues, et firent force de rames pour s’éloigner. »

Ce meurtre, qu’on pouvait regarder comme un effet du hasard, fut le prélude d’un massacre affreux. Les malheureux insulaires se pressaient autour des Hollandais lorsqu’ils mirent le pied sur le rivage ; on se contenta d’abord de les écarter du geste ; mais ils osèrent toucher aux armes ; aussitôt on fit feu sur eux ; un grand nombre fut tué, entre autres l’insulaire qui avait le premier accueilli les Hollandais. Ces pauvres gens n’avaient aucun moyen de défense ; ils poussèrent des cris lugubres, puis revinrent, et offrirent des vivres pour avoir les cadavres de leurs amis massacrés. Touchés de ces démonstrations de soumission, les Hollandais leur firent présent de pièces de toiles, de colliers, de verroterie et de miroirs.

Behrens donne de l’île de Pâques et de ses habitans une description que nous passerons sous silence, parce que les relations plus modernes que nous offrirons aux lecteurs contiennent sur ce coin de terre des renseignemens plus précis et plus curieux.

Roggeween aurait voulu séjourner dans l’île