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avaient-ils laissé ici des chevaux pour profiter des pâturages de l’île et les y venir reprendre ensuite ; peut-être appartenaient-ils aux Espagnols. Nous eûmes lieu de penser que l’île n’avait jamais été bien peuplée, puisque les oiseaux ne nous fuyaient point, et se laissaient prendre à la main. Nous y fîmes une assez grande provision d’oies, de canards et d’autres oiseaux sauvages.

» Dans un jour nous fîmes le tour de cette île ; elle est assez élevée, hérissée de broussailles et d’arbrisseaux si entrelacés dans la partie méridionale, qu’il nous fut impossible d’y pénétrer. Son abord est difficile ; ses rivages sont bordés de rochers qui s’étendent bien avant dans l’intérieur. Pour arriver à terre, nous étions obligés de nous jeter dans l’eau jusqu’au cou ; mais nous trouvions sur ces rochers et sur les rivages des moules et d’autres coquillages parés des plus belles couleurs.

» Cette île nous offrant peu de secours, il fallut bientôt nous en éloigner. Le conseil assemblé décida de suivre les côtes du Chili, pour y trouver un port et des provisions ; mais la crainte du canon des Espagnols ne nous permit pas de suivre cette détermination. Notre approche avait répandu l’alarme ; des vaisseaux croisaient le long des côtes pour nous en disputer l’abord ; ils auraient rendu l’exécution de notre dessein difficile, et peut-être même funeste. Nous n’étions pas venus pour guerroyer ; en conséquence, le 12 mars,