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bles. Nous n’y trouvâmes plus qu’un petit nombre de vieillards, que la faiblesse de l’âge avait retenus, et qui regardaient déjà les ruines de leurs maisons comme leurs tombeaux. »

Cependant il paraît qu’on en fut quitte pour quelques nouvelles secousses, qui achevèrent de renverser Pisco, et qui ne permirent pas aux habitans d’y retourner de plusieurs jours. La Barbinais, revenu à lui-même, se rappela quelques circonstances qu’il n’entreprend point d’expliquer. Une demi-heure avant que la terre eût commencé à s’agiter, tous les animaux parurent saisis de frayeur. Les chevaux hennirent, rompirent leurs licous et sortirent de l’écurie. Les chiens aboyèrent. Les oiseaux, épouvantés et presque étourdis, se jetèrent dans les maisons. Les rats et les souris sortirent de leurs trous. Les vaisseaux qui étaient à l’ancre furent si violemment agités, qu’il semblait que toutes leurs parties fussent près de se désunir. Les canons sautèrent sur leurs affûts, et les mâts rompirent leurs haubans. C’est ce que La Barbinais aurait eu de la peine à croire, s’il n’en eût êté convaincu par des témoignages unanimes. Il conçoit bien, dit-il, que le fond de la mer étant une continuation de la terre, l’eau peut être agitée par communication ; mais ce qui lui paraissait difficile à comprendre, c’est ce mouvement irrégulier d’un vaisseau, dont tous les membres participent séparément à cette agitation, comme s’il faisait partie de la terre, et qu’il ne nageât point dans un fluide. Son