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si folle, jamais du moins je n’avais éprouvé tant d’effroi depuis cinq ans que je voyageais parmi des nations barbares ; et l’on m’aurait offert inutilement deux ou trois mille piastres pour me faire retourner dans un lieu où la simple curiosité m’avait fait descendre. La profondeur de ces mines vient de la méthode du travail qui se fait toujours perpendiculairement, jusqu’à ce qu’on ait rencontré quelque bonne veine ; alors on la suit horizontalement, et lorsqu’elle finit, on recommence à creuser plus bas sur la première ligne. »

Carreri demande la même attention pour un voyage qui le fatigua moins, mais qu’il regarde comme une des plus curieuses parties de son journal. Il avait entendu vanter quelques antiquités des Américains, dont il ne trouvait pas la description dans les voyageurs. L’impatience qui le saisit en apprenant qu’elles n’étaient pas éloignées de Mexico ne lui permit pas de différer un moment son départ.

« Je montai à cheval, dit-il, et, traversant le lac de Saint-Christophe, je me rendis à la paroisse d’Aculma, qui appartient aux augustins. Six lieues plus loin j’arrivai au village de Téotihuacan, qui signifie en langue mexicaine lieu des dieux et des adorations, où je passai la nuit chez don Pédro d’Alva, petit-fils de don Juan d’Alva, descendu des rois de Tezcuco. Ce seigneur me fit voir le lendemain les cous ou les pyramides qui ne sont pas à plus d’une lieue de sa terre. Je vis premièrement