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par le même mécanisme à vider l’eau, qui ne manquerait pas, sans ce soin, d’arrêter continuellement le travail.

» Je descendis successivement cinq échelles, ou plutôt cinq arbres, auxquels des chevilles dispersées servent d’échelons. Le mineur ne me permit pas d’aller plus loin, dans la crainte d’un malheur dont il avait été témoin plusieurs fois. Les arbres par lesquels je devais continuer de descendre étaient si mouillés que le pied pouvait glisser facilement. Je passai à la mine de Navaro, où les Américains portaient le métal sur leurs épaules, avec un continuel danger pour la vie, en montant un grand nombre d’arbres dont les chevilles et les entailles étaient fort mal distribuées. Ils font ce pénible métier pour quatre réaux par jour ; mais le soir on leur permet d’emporter autant de minerai qu’ils le peuvent d’une seule charge, et dont ils partagent ensuite le profit avec le propriétaire. Depuis cinq mois leur travail avait pour objet d’ouvrir sous terre un passage d’une mine à l’autre pour la communication de l’eau, qui est plus profonde dans celle de Santa-Cruz. Les mineurs ne s’étaient pas encore rencontrés ; mais, après tant de fatigues, ils commençaient à se trouver si proches, qu’ils entendaient mutuellement leurs coups.

» Je me fis mener le jour suivant à quelques lieues de ces deux mines pour visiter celle de la montagne. Le premier spectacle qui frappa mes yeux fut une petite ville dont toutes les