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milles. Les Portugais étant arrivés à Macao, un d’entre eux, que sa femme avait cru mort, fut surpris de la trouver remariée. On le disposa facilement à pardonner une légèreté qui ne pouvait passer pour criminelle après sept ans d’absence. Le frère missionnaire qui faisait ce récit à Carreri était encore dans l’Île-Verte à se remettre de sa maigreur et de ses fatigues.

De la Chine, que Gemelli parcourut jusqu’à Pékin, il fit voile aux Philippines. Il aborda à Manille, et s’y embarqua pour le Mexique. Il observe avec tous les voyageurs qu’il n’y a peut-être point de traversée plus pénible que celle de Manille à Acapulco, quoiqu’il n’y en ait peut-être point de plus douce que celle d’Acapulco à Manille.

« Il ne faut pas douter, dit-il, que dans les temps passés cette navigation n’ait encore été plus dangereuse et plus terrible. En 1576 le galion le Saint-Esprit se perdit à l’Embocadero. En 1596 la force des vents emmena au Japon le Saint-Philippe, qui fut saisi avec toute sa charge. L’année 1602 fut célèbre par la perte de deux galions. La difficulté n’est pas moindre aujourd’hui, quoiqu’on fasse le même voyage depuis plus de deux siècles. Le naufrage du Saint-Joseph et du Santo-Christo en était une preuve récente, sans compter que la plupart des autres perdent leurs mâts, ou sont repoussés par des vents contraires, souvent après avoir fait la moitié du chemin, et se trou-