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délicates l’entreprennent sans crainte. On a toujours le vent en poupe, et rarement il devient impétueux. On est dispensé de toutes sortes de frais, lorsqu’on peut obtenir du gouverneur espagnol un brevet de capitaine dans les troupes qui passent tous les ans aux Philippines.

Il est facile ensuite de passer à peu de frais de Manille à la Chine sur des jonques chinoises, ou sur les navires espagnols qui vont trafiquer dans les provinces de Fokien et de Canton. Ce voyage ne demande qu’un mois. Ceux qui veulent se rendre de la Chine au Bengale, à Goa, à Surate ou sur la côte de Coromandel, trouvent l’occasion de s’embarquer sur des vaisseaux français, anglais ou maures, que le commerce amène et fait partir journellement. On fait ces différentes courses avec utilité, lorsqu’on emporte de la Chine de l’or en lingots, ou des étoffes de soie et d’or. Pour se rendre directement à Siam, au Bengale, à Madras, et sur la côte de Coromandel, on ne manque point de vaisseaux espagnols ou mahométans. On est sûr de gagner trente ou quarante pour cent, si l’on y porte de l’or en poudre qui s’achète à Manille, à Malacca et dans le royaume d’Achem ; et si l’on prend ensuite des toiles blanches et peintes de Bengale et de la côte de Coromandel, on gagne trois pour un en les portant en Amérique ou en Europe.

En passant par Goa et par les états du grand-