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qu’ils eussent atteint le fond. Une petite semence noire, qu’ils broyaient avec des pierres et qu’ils mangeaient à poignée, paraissait leur tenir lieu de pain. Quelques Anglais qui ne firent pas difficulté d’en mettre dans leurs potages, assurèrent qu’elle avait le goût du café. On leur voyait quelquefois manger certaines racines qui ont le goût des ignames, une sorte de légume qui croît dans une cosse, et dont le goût approche de celui des pois verts, des baies semblables à celles du lierre, et qui, séchées au feu, ont tout-à-fait le goût des pois secs. Les Anglais trouvèrent d’autres baies qui ont la figure des groseilles rouges, mais dont la pulpe, qui est aigre et blanche, renferme un noyau avec son pépin. Ils trouvèrent aussi des fruits qui ont le goût de nos groseilles blanches, et ne sont pas un mauvais assaisonnement pour les sauces.

Les peaux des bêtes fauves, qui étaient assez communes dans les huttes des Indiens, donnaient lieu de penser qu’indépendamment de la pêche ils avaient une saison destinée à la chasse. Ils témoignaient un certain respect à l’un d’entre eux qui portait sur la tête un bonnet garni de plumes ; mais ils paraissaient jouir en commun de tout ce qu’ils possédaient. S’ils troquaient du poisson pour de vieux couteaux, dont les deux vaisseaux étaient bien pourvus, ils les donnaient au premier Indien qui se trouvait près d’eux ; et, lorsqu’ils en avaient assez, il ne fallait plus espérer d’obte-