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quelques arbrisseaux. Roger fit visiter la côte. Ses gens s’avancèrent environ quinze lieues au nord, et trouvèrent quantité d’arbres de haute futaie. Mais ils n’aperçurent aucun de ces bons ports que les prisonniers espagnols leur avaient fait espérer. Ils virent souvent de la fumée en divers endroits, ce qui leur fît juger que le pays est fort bien peuplé. Cependant ils ne virent nulle part aucune apparence de culture.

Dans cette saison, le vent de terre souffle presque seul à Ségura. L’air y est très-serein, et la pluie rare ; mais pendant la nuit il tombe d’abondantes rosées, qui donnent beaucoup de fraîcheur. Les Anglais découvrirent à peu de distance du rivage une habitation d’environ trois cents Indiens. Rogers ne leur reproche point de férocité. Ils étaient, dit-il, grands et forts, mais beaucoup plus noirs qu’aucun des Indiens qu’ils avaient vus dans les mers plus au sud. Ils avaient les cheveux longs, noirs et plats, qui leur pendaient jusqu’aux cuisses. Tous les hommes étaient nus ; mais les femmes portaient à la ceinture des feuilles ou des morceaux d’une espèce d’étoffe qui en paraît composée, ou des peaux de bêtes et d’oiseaux. Celles que Rogers vit étaient noires et ridées ; mais il s’imagina que les pères et les maris craignaient d’exposer les jeunes à la vue des Anglais. Ils parlaient du gosier, et leur langue paraissait fort dure. Quelques-uns portaient des colliers et des bracelets de brins de bois et de coquilles ; d’autres avaient au cou de pe-