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joie bien vive à la vue d’un large ruisseau ; mais quel fut leur chagrin d’en trouver l’eau saumâtre ? Ils rencontrèrent en ce lieu un Indien qui avait une écale de coco pleine d’eau fraîche ; on lui demanda où il l’avait prise ; il fit entendre que c’était au delà de la lagune. Torrès détacha sept soldats avec l’insulaire pour aller reconnaître la source.

Les Indiens, qui s’étaient retirés du côté de la lagune, voyant venir les Espagnols, s’avancèrent au-devant d’eux en leur faisant des signes d’amitié, surtout les femmes : elles étaient d’une rare beauté, mais la fraîcheur et l’éclat de leur teint frappa surtout les Espagnols. Elles étaient vêtues de nattes de palmier très-fines, qui leur tombaient depuis les hanches jusqu’aux pieds ; une autre leur couvrait les épaules et descendait à la ceinture.

Les Espagnols arrivèrent avec leur guide à la source d’eau douce, dont le filet était si petit, qu’il ne pouvait suffire aux besoins de la flotte ; ils informèrent de ces particularités Torrès, qui dépêcha un soldat à la troupe restée sur le rivage pour qu’elle en instruisît le général. Ce soldat, qui n’était armé que de son épée, fut attaqué en chemin par une dizaine d’insulaires armés de bâtons et de pieux pointus et durcis au feu. Le soldat, sans se laisser intimider, mit l’épée à la main, et, tout en se défendant bravement, appela ses compatriotes à son secours. Les Espagnols, attirés par ses cris, firent feu sur les Indiens, en tuèrent cinq,