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tres relations, et qui jette beaucoup d’agrément dans la sienne.

Le 1er. février, à quatre lieues de l’île, il mit sa chaloupe en mer pour aller reconnaître la terre. Tandis qu’on attendait son retour, on vit à l’entrée de la nuit un grand feu sur le rivage, ce qui fit juger qu’il y avait à l’ancre quelques vaisseaux espagnols ou français ; et, dans la nécessité où l’on était de faire de l’eau et des vivres, on prit la résolution de les attaquer. Cependant le lendemain on n’aperçut aucun vaisseau dans la baie du milieu où l’on s’attendait à rencontrer l’ennemi, non plus que dans l’autre baie au nord-ouest ; et ce sont néanmoins les seuls endroits où l’on puisse mouiller. On crut alors qu’il y avait eu quelque bâtiment qui, ne se trouvant point en état de combattre, avait pris le parti de se retirer : tous les doutes furent éclaircis à l’arrivée de la chaloupe. Elle revint avec un homme vêtu de peaux de chèvres, dont la figure avait quelque chose de plus sauvage que celle de ces animaux. C’était Alexandre Selkirk, Écossais, qui avait été maître à bord du vaisseau anglais les Cinq-Ports, et que le capitaine Stradling avait abandonné dans cette île depuis quatre ans et quatre mois. Ce malheureux avait allumé, à la vue de deux vaisseaux, le feu qu’on avait vu pendant une partie de la nuit.

» Il avait vu passer une quantité d’autres bâtimens pendant le séjour qu’il avait fait dans cette solitude ; mais il n’en avait vu mouiller