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poser en brandissant leurs lances ; et, prenant un air menaçant, quelques-uns poussèrent la hardiesse jusqu’à entrer dans l’eau, un bouclier dans une main et une lance dans l’autre. Nos gens leur montrèrent les marchandises qu’ils avaient apportées, et leur firent des signes d’amitié, le tout en vain ; les naturels les repoussaient du geste. Alors mes gens, qui voulaient absolument avoir des vivres, tirèrent des coups de fusil pour les effrayer. La multitude s’enfuit ; mais il en resta trois qui continuèrent à se tenir dans une posture menaçante, jusqu’au moment où le plus hardi laissa tomber son bouclier, et prit la fuite. On supposa qu’il avait été blessé au bras ; d’autres aussi sentirent la force de nos armes ; mais aucun ne fut tué, le projet ayant été seulement de leur inspirer de la crainte. Nos gens, descendus à terre, trouvèrent beaucoup de cochons qui couraient çà et là ; ils en tuèrent neuf à coups de fusil, et en blessèrent un plus grand nombre qui décampèrent. La pluie les fit revenir à bord avec ce butin ; le beau temps reparut ; ils firent une seconde descente, et rapportèrent huit cochons de plus.

» Le lendemain matin, le détachement retourna à terre ; les naturels avaient profité de la nuit pour emporter toutes leurs provisions. Cependant un grand nombre étaient près de leurs cabanes ; ils ne s’opposèrent pas au débarquement, et poussèrent même l’obligeance jusqu’à apporter douze cocos. Celui qui était