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fort les Indiens, qu’ils se séparèrent, et que toutes les pirogues se hâtèrent de gagner le rivage. Le vent s’éleva ; je me dirigeai vers la baie. Arrivé à une pointe, je vis beaucoup d’Indiens qui nous guettaient de derrière les rochers ; d’autres qui se tenaient sous les arbres. Je fis tirer trois coups de canon pour les effrayer, parce que, mon intention étant de faire de l’eau et du bois, je ne voulais pas être exposé aux attaques des naturels, qui étaient très-nombreux, et dont j’avais éprouvé le caractère perfide.

» Le vaisseau vint mouiller devant l’embouchure d’une petite rivière. Mes canots allèrent à terre, et remplirent sans obstacle toutes les barriques à eau. On essaya vainement de commercer avec les Indiens ; ils admiraient nos haches et nos couperets ; mais ne voulaient donner que des cocos en échange de ce que nous avions à leur offrir. Cependant ils avaient des cochons, des chèvres, des ignames, et d’autres racines comestibles. Mon dessein était de rester en cet endroit le plus long-temps possible pour me procurer les provisions dont j’avais besoin, examiner le pays et connaître ses productions. Je consultai mes officiers à ce sujet : leur avis fut conforme au mien. Le 19, j’envoyai donc les canots à terre pour couper du bois et pêcher. Une troupe d’une quarantaine d’Indiens, hommes et femmes, vinrent à passer auprès d’eux, et témoignèrent d’abord quelque crainte ; mais nos gens leur ayant fait