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et qu’ils teignent en rouge, en blanc et en jaune. Leur visage rond et large, avec un nez plat, ne serait pas désagréable, s’ils ne le défiguraient pas par la peinture et par des chevilles de la grosseur du pouce qu’ils se passent dans les narines, et dont les extrémités touchent les pommettes des joues ; de sorte qu’il ne parait qu’un petit bout de nez autour de ce bel ornement. Ils ont aussi aux oreilles de grands trous dans lesquels ils portent également des chevilles. Ils manient leurs pirogues avec beaucoup de dextérité. Elles sont construites avec beaucoup d’art, longues, étroites, avec des bouts dehors d’un côté ; l’avant et l’arrière sont relevés et ornés de figures de poisson, d’oiseau, ou d’une main d’homme, sculptées ou peintes grossièrement, mais d’une manière ressemblante. J’ignore de quel instrument ils se servent pour creuser leurs pirogues ou tailler leurs figures, car ils semblent ne connaître nullement l’usage du fer. Leurs armes sont celles des insulaires dont j’ai déjà parlé. Ils ressemblent en tout à ceux qui nous avaient attaqués dans la baie des Frondeurs, et sont peut-être aussi perfides. Leur langage est clair et distinct. Lorsqu’ils étaient près de nous, ils répétaient souvent les mots vacousi allamais, et nous montraient le rivage. Leurs signes d’amitié consistent à élever au-dessus de leur tête un gros bâton ou une branche d’arbre avec ses feuilles, et à se frapper souvent la tête avec la main.