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montrai de la verroterie, des couteaux et des miroirs pour les engager à nous aborder ; mais ils ne venaient jamais assez près pour que nous pussions rien leur donner. J’attachai donc un couteau à un morceau de planche ; je mis de la verroterie dans une bouteille bien bouchée, et je jetai le tout à l’eau. Ils ramassèrent ces objets, qui parurent leur faire grand plaisir. Ils se frappaient souvent la poitrine de la main droite, et à chaque fois élevaient un bâton noir au-dessus de leurs têtes, ce que nous prîmes pour un signe d’amitié, et nous en fîmes de même. Quand nous nous dirigions vers le rivage, ils paraissaient joyeux ; quand nous nous en écartions, ils prenaient un air fâché, nous accompagnant toujours dans leurs pirogues et montrant le rivage. Arrivés à l’entrée de la baie, on ne trouva pas fond ; elle avait deux milles d’étendue. Incertain d’y trouver un mouillage, et averti par l’aspect des nuages de l’approche d’un coup de vent, je jugeai que la prudence me défendait de m’y engager. Nous étions d’ailleurs entourés par deux cents hommes dans des pirogues, et nous en comptions à peu près quatre cents qui bordaient les rives de la baie. Je ne sais pas comment les premiers étaient armés, ni quel dessein ils avaient formé ; mais quand ils s’approchèrent je fis sortir tous les fusils, et prendre la giberne à quelques-uns de mes gens pour éviter une surprise. Je n’eus pas plus tôt viré de bord pour m’éloigner de la baie, que les naturels nous lancèrent, au