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bres touffus ; mais ils n’avaient pas vu trace d’hommes. À la nuit close, la chaloupe revint avec un harpon fort artistement fait en roseau ; mes gens avaient aussi rencontré une pirogue en mauvais état près d’un barbekiou, sorte de cadre ou grillage en bois sur lequel les naturels du pays font sécher à la fumée leurs viandes et leurs poissons.

» Le lendemain l’on pêcha plus de quatre cents poissons excellens, et l’on trouva une rivière de très-bonne eau douce, près de laquelle j’allai mouiller ; tandis que l’on coupait du bois, je descendis à terre, où je découvris, dans une petite anse, deux barbekious qui semblaient n’avoir pas été dressés depuis plus de deux mois. Les pieux avaient été taillés avec un instrument tranchant ; si c’était l’ouvrage des naturels du pays, ils devaient avoir du fer. Le 10, ayant quitté cette baie, je continuai ma route au nord malgré les courans qui m’étaient contraires ; ainsi je n’avançais pas beaucoup, quoique le vent fût favorable. La profondeur de l’eau diminuait à mesure que je cheminais. Cependant le 14, un peu avant midi, ayant vu de la fumée sur des îles qui nous restaient à l’ouest, et le vent nous favorisant, je gouvernai de ce côté ; j’y mouillai par trente-cinq brasses. Nous vîmes du feu pendant toute la nuit, et le lendemain j’allai jeter l’ancre à moins d’un mille de la côte. Pendant que nous étions encore sous voiles, deux pirogues s’approchèrent de nous à la