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l’ouest pendant sept jours. Le 2 mars, on eut connaissance d’une île de six lieues de tour, dont les abords ne présentèrent qu’un mauvais mouillage. La corvette, qui serrait le rivage de très-près, découvrit une bourgade dont les maisons étaient bâties à l’ombre des cocotiers. Il en sortit une centaine d’Indiens qui accoururent sur la plage. C’étaient de beaux hommes, d’une taille élevée, et les plus blancs qu’on eut encore vus dans le voyage ; mais ils se montrèrent peu traitables. Ils avaient un grand nombre de petites pirogues. Elles sont faites d’un seul tronc d’arbre, et ne contiennent que trois ou quatre hommes. Les Indiens les lancèrent à la mer, et ramèrent vers les vaisseaux ; tous étaient armés de lances ; ils les brandissaient d’un air qui montrait assez que leurs dispositions n’étaient nullement pacifiques. On leur jeta des pièces d’étoffes, en les invitant par des signes d’amitié à monter à bord ; ils prirent ce qu’on leur avait jeté, et s’éloignèrent. Une pirogue très-étroite, montée par un seul Indien, s’approcha de la capitane. L’Indien portait un bonnet et un corset écarlate, tissus de feuilles de palmier. Son air audacieux frappa les Espagnols qui étaient dans la galerie ; il faisait des cris et des gestes comme un furieux, agitant ses bras et ses jambes. Tout à coup prenant sa lance à deux mains, il la jeta de toute sa force contre les Espagnols, puis se retira précipitamment. Il fut heureux pour lui que dans ce moment les Espagnols