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mais je ne pus examiner s’il leur manquait également deux dents à la mâchoire supérieure.

» Nous vîmes beaucoup d’endroits où ils avaient allumé du feu, et fiché en terre quelques branches d’arbres pour se garantir de la brise de mer qui, durant le jour, souffle constamment du même point. La brise de terre, beaucoup moins forte, ne les incommode pas. Nous trouvions dans ces gîtes des tas de coquillages de diverses sortes. Selon toute apparence, c’est la seule nourriture de ces pauvres gens.

» Mes gens avaient creusé vainement pour avoir de l’eau. Enfin, le 1er. septembre, on parvint à un petit filet d’eau saumâtre. Elle ne put nous servir que pour faire bouillir notre gruau, ce qui épargna le reste de notre provision. Les mouches nous tourmentèrent terriblement pendant que nous la puisions. Le soleil, malgré son ardeur extrême, ne nous parut pas à beaucoup près si insupportable. Les Indiens ne se montrèrent plus ; nous ne vîmes que la fumée de leurs feux, à trois milles à peu près de distance.

» Le canton où nous avions abordé est bas ; du côté de la mer il est ceint par des dunes qui empêchent la vue de s’étendre dans le pays. Le sol est sablonneux et aride. Il n’y croît que des buissons et des arbrisseaux ; quelques-uns étaient couverts de fleurs, dont la plupart répandaient une odeur suave. Plus avant, dans l’intérieur, le pays nous sembla plus bas que