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furieux ; on eut beaucoup de peine à le contenir. La chaloupe, forçant de rames, arriva bientôt à la capitane. On s’efforça inutilement de persuader au roi de monter à bord. Quiros, voyant son obstination, défendit d’user de contrainte envers lui : il lui fit servir à manger dans le bateau, lui fit donner des habits, et y ajouta d’autres présens. Ensuite on se hâta de le reconduire à terre, parce qu’on craignait avec raison que les insulaires, irrités de l’enlèvement de leur chef, ne s’en vengeassent sur les Espagnols qui étaient restés sur l’île. Son retour devenait nécessaire pour le salut de ceux-ci. Déjà ils se trouvaient entourés par une centaine d’Indiens dont la colère s’apaisa dès qu’ils virent revenir leur chef. Ce roi sauta lestement à terre, et embrassa ses compatriotes en versant des larmes de joie ; il les informa du bon accueil qu’il avait reçu du chef de ces étrangers, et les assura qu’ils n’avaient que des intentions pacifiques. La bonne intelligence fut bientôt rétablie, et en signe de réconciliation, de paix et d’amitié, le chef des insulaires, détachant de sa tête sa couronne de plumes, en témoignant par signes qu’il ne possédait rien de plus précieux, en fit présent à l’officier qui commandait les canots.

Alors les Espagnols, s’étant rapprochés du rivage avec les Indiens, qui venaient rejoindre leurs pirogues, apprirent d’eux qu’ils n’étaient pas habitans de l’île, et qu’ils appartenaient à une autre terre où ils allaient se rendre. Les