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le long des bords et parvient jusqu’au pied des petites montagnes ; et au moment où elle est la plus haute, elle communique et se confond avec la mer de l’autre côté de l’île, par un canal peu profond et sablonneux, qui sépare les deux petits bois que les Espagnols avaient visités.

L’embarras des Espagnols se renouvela quand ils se présentèrent pour se rembarquer avec leurs charges de cocos et leurs armes ; il devenait impossible de gagner à la nage les chaloupes. Mais Dieu, qui n’abandonne jamais ceux qui se dévouent pour la gloire de son nom, fit découvrir, quand on s’y attendait le moins, un passage étroit entre les rochers qui bordent l’île : les chaloupes y entrèrent, et accostèrent la terre de si près, que tout le monde put s’embarquer à pied sec.

Ils ramenèrent avec eux une vieille femme qu’ils avaient trouvée dans les bois, et qui ne fit aucune difficulté de les suivre à bord des vaisseaux, où elle fut fêtée, habillée, bien traitée, et accepta avec l’air de la satisfaction et de la gaieté tout ce qui lui fut offert en présent.

Les bateaux furent renvoyés à terre. La vieille insulaire servit de guide aux Espagnols ; elle leur indiqua par signes que de l’autre côté de l’île ils trouveraient des habitans : ils la suivirent. Ils furent bientôt rendus à la plage opposée, et en y arrivant ils virent venir de la mer cinq ou six pirogues portant des voiles taillées comme les voiles latines, et tissues de