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À quelques pas du rivage, les Espagnols visitèrent deux petits bois plantés de palmiers, de cocotiers et d’autres arbres utiles ; mais leurs recherches pour trouver des sources d’eau douce furent infructueuses. Le bois était si touffu, qu’il fallait couper ou écarter les branches pour se frayer un chemin.

Ils trouvèrent dans ce bois un espace circulaire entouré d’une enceinte en pierre ; d’un côté de grosses pierres appuyées contre un arbre s’élevaient en forme d’autel qu’ombrageaient des branches de palmier. S’imaginant que c’était un temple consacré au prince des ténèbres, un saint zèle les anima, et, dans les transports de leur ardeur religieuse, ils coupèrent un arbre et plantèrent une croix au milieu de l’enceinte.

Sortis de ce bois, ils en rencontrèrent un autre, et arrivèrent ensuite à une petite prairie dont le terrain était humide. Ils y creusèrent des puits. L’eau en était saumâtre. Heureusement ils eurent la facilité de se procurer une ample provision de cocos : ils s’en nourrirent et s’en désaltérèrent à discrétion ; et chacun se chargea de ce qu’il en put porter pour en faire part à leurs compagnons qui étaient restés à bord de la flotte. Ils marchèrent l’espace d’une demi-lieue pour regagner le rivage où ils avaient abordé ; ils eurent dans le trajet de l’eau jusqu’aux genoux, parce que la mer venant du large avec impétuosité, après avoir franchi les rochers qui précèdent l’île, se répand