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haan, la pirogue qui était près du Heemskerk héla celle qui se tenait à l’arrière de l’autre vaisseau, en haussant ses pagaies, sans que les Hollandais pussent rien comprendre. Dès que le canot fut à une certaine distance, les pirogues qui se tenaient entre les deux vaisseaux coururent brusquement sur l’embarcation et s’en saisirent. Dans cette attaque, le patron du canot et deux matelots tombèrent par-dessus le bord, trois autres furent tués, et le quatrième fut blessé mortellement. Le patron et les deux matelots nagèrent vers le Heemskerk ; on mit à l’instant un canot à la mer, qui les prit et les ramena au vaisseau. Heureusement les Indiens abandonnèrent le canot dont ils s’étaient emparés ; ils emportèrent un des morts, dans leur pirogue, et jetèrent l’autre dans la mer. On fit feu sur eux de l’artillerie et de la mousqueterie ; mais ils étaient déjà trop éloignés pour qu’on pût les atteindre. En même temps le maître du Heemskerk vint avec la chaloupe bien armée pour ramener le canot du Zeehaan ; les Indiens y avaient laissé deux matelots, l’un mort, l’autre dangereusement blessé. Une si funeste aventure fit donner à cette baie le nom de Moordenaars bay (baie des Assassins). Tasman, persuadé qu’on ne pouvait rien espérer des habitans, appareilla pour sortir de cette baie. Vingt-deux pirogues se mirent bientôt à la poursuite des vaisseaux. On fit feu sur ces embarcations. Un des Indiens, qui tenait à la main une espèce de pavillon blanc, atteint d’une