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fit supposer que les habitans de ce pays étaient d’une très-haute stature. Les entailles de l’un de ces arbres paraissaient n’être faites que depuis très-peu de jours. On vit des traces de bêtes sauvages que l’on crut être celles d’un tigre, et l’on trouva des excrémens de quadrupèdes. On ramassa sur plusieurs arbres de la résine rougeâtre, claire et transparente. Les arbres étaient clair-semés, mais extrêmement embarrassés de buissons et de broussailles. Des vestiges de feu se faisaient remarquer en différens endroits. On vit des oies sauvages, des canards et différens oiseaux aquatiques. On observa que vers la pointe de l’anse la profondeur de l’eau n’était que de quatorze pieds, et que la marée montait à trois pieds.

Les Hollandais, jugeant qu’il serait imprudent de s’avancer dans le pays, chargèrent leurs canots d’herbages, et retournèrent à leurs vaisseaux. Pendant la nuit, ils virent briller des feux qui annonçaient que cette terre était habitée. Le lendemain, on dressa un poteau sur la côte sud-est de la baie ; on y attacha le pavillon de la compagnie, et chacun y inscrivit son nom ou sa marque.

Le 5 décembre, Tasman fit voile à l’est, se proposant de courir dans cette direction jusqu’à ce qu’il découvrît les îles de Salomon. Les vent contraires ne lui permirent pas de ranger la côte de près. Quelques jours après, la mer fut très-agitée ; les lames venaient du