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la pêche, fournissent à la subsistance de ses habitans.

Les Espagnols firent signe aux Indiens d’aller avec eux aux vaisseaux, où ils recevraient des présens ; mais voyant qu’ils ne pouvaient le leur persuader et que la nuit s’approchait, ils rejoignirent leurs bateaux à la nage ; quelques Indiens les y suivirent et furent traités avec les témoignages d’amitié dus à leur générosité, et qu’on appuya de présens ; néanmoins on ne put jamais les décider à se rendre à bord de la corvette ; ils se remirent à la nage pour regagner la terre.

Les vaisseaux éprouvèrent pendant la nuit une forte dérive ; le 11 au matin, les Espagnols s’aperçurent avec chagrin qu’ils se trouvaient à huit lieues de l’endroit vis-à-vis duquel ils étaient la veille. Mais on était toujours à vue de la terre, et l’on ne pouvait douter qu’elle ne fût la continuation de l’île dont les habitans s’étaient montrés si hospitaliers. On espérait pouvoir s’y procurer de l’eau, et en conséquence Quiros expédia les chaloupes à la recherche d’une rivière. Comme l’aspect de l’île n’offrait aucun mouillage, les vaisseaux se tinrent bord sur bord. La lame brisait à la côte avec tant d’impétuosité, qu’on ne pouvait tenter d’aborder aux rochers sans risquer la perte des bateaux et des hommes. Les matelots se mirent à l’eau, et après bien des efforts parvinrent à porter et établir les embarcations sur le sommet des rochers qui restent à sec de basse mer.