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Je pris plaisir à voir l’ardeur et l’activité avec laquelle les femmes groënlandaises se portèrent à cet ouvrage ; car les hommes ne travaillent jamais à la terre ; ils n’ont même aucune dextérité pour ce genre d’occupation. L’objet du travail amena l’entretien sur le mystère de la résurrection, qui fait envisager la mort avec moins d’effroi que les Groënlandais n’en ont ordinairement pour ce dernier terme. Il n’y a peut-être pas de peuple au monde pour qui la vie soit plus dure, et la mort plus redoutable. » Après avoir visité la colonie, et recommandé ses frères au missionnaire danois et au facteur, le prélat fit encore quelques fonctions de son ministère pastoral, revit le rituel, qui contenait la liturgie et les hymnes, prit congé des familles chrétiennes du Groënland, et se proposa de repartir au bout d’un séjour de deux mois. Mais le 11 août les glaces entrèrent dans le Bals-Fiord, et l’on apprit de quelques habitans des îles voisines que la mer en était toute couverte. Si le vent du sud qui les amenait eût duré quelques jours de plus, il fallait renoncer à se rembarquer ; mais il tourna dès ce même jour à l’ouest, et le soir au nord ; ce qui nettoya la baie.

« Le 12, reprend le pasteur, nous montâmes à bord du vaisseau dès les cinq heures du matin. En y allant, je trouvai sur mon chemin les rochers couverts de femmes et d’enfans, tandis que les hommes venaient nous escorter dans leurs kaiaks. À huit heures nous sortîmes