qui ne manquaient de rien dans un endroit qui n’était pas le mieux situé du Groënland, ils répondaient : « Saniessegalloar pogun, kissien ajournakau ; c’est-à-dire, nous nous convertirions volontiers, si ce n’était pas si difficile. » Ensuite continuait-on à leur parler de religion, ils s’enfuyaient, comme si c’eût été quelque sortilége, ou une maladie contagieuse.
Il paraît que ce qui choquait les Groënlandais était de voir leurs mœurs contrariées par ces missionnaires étrangers, dont la vie et la direction semblaient attenter à la liberté des sauvages. Un de ces inconvertis vint à la mission menacer les frères de brûler leur maison, s’ils ne lui rendaient une femme qu’ils avaient prise sous leur protection, après qu’elle s’était échappée de ses mains pour se soustraire au mariage. On se mit en garde contre ses menaces ; mais comme il rôdait toujours dans l’intention d’enlever cette femme, celle-ci n’étant pas encore au rang des catéchumènes, on la lui rendit en le priant de ne pas l’épouser par violence. On apprit par la suite qu’ils étaient d’accord l’un et l’autre ; ainsi la mission ne se mêla plus de cette querelle de ménage.
Le zèle de ces prédicateurs est quelquefois sujet à troubler le repos des familles. Une Groënlandaise s’étant retirée chez les chrétiens pour y recevoir le baptême, ses frères voulurent la ramener chez eux ; mais comme elle ne se souciait pas d’y retourner, et qu’elle s’était