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res Moraves se faisaient un scrupule de leur en parler, par une sorte de défiance. « Je n’examine point ici, dit-il, si elle était bien ou mal fondée ; mais il est certain que les chrétiens du Groënland ne sentaient pas assez leur faiblesse et leur corruption pour participer à ce mystère. » On attendit qu’ils eussent une résignation de cœur à l’obéissance aveugle avant de les admettre à la communion. Aussi ce missionnaire ne date-t-il la congrégation ou l’église du Groënland que de l’année 1757, où l’on put bâtir une chapelle. Auparavant, dit-il, on avait catéchisé les Groënlandais en plein air, ce qui n’était commode ni pour l’auditoire ni pour le prédicateur. Depuis trois ans cependant on leur prêchait à couvert ; mais la chambre d’assemblée était trop petite. Les missionnaires du Groënland en firent de fréquentes plaintes à leur congrégation d’Europe. Au synode qu’elle tint à Zeyst, Jean Beck, l’un de ces ouvriers évangéliques, fit acheter, par les libéralités des frères unis, du bois de charpente, et l’on fréta exprès un vaisseau pour transporter ces matériaux à la nouvelle confrérie. Christian David, cet infatigable charpentier qui avait bâti au Groënland la première hutte des Herrnhuters, et la première école des enfans du pays, voulut aussi construire la première maison de la mission. Elle fut commencée le 5 juillet ; et malgré la neige qui tomba dans ce mois d’un soleil continuel, et qui augmenta dans le suivant, cet édifice fut assez