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trois premiers frères Moraves qui allèrent au Groënland. Il s’y maria, en 1740, avec une fille de Matthieu Stach, son confrère. Il fit un voyage quatre ans après en Allemagne, pour aller rendre compte au synode de Herrnhut des succès de la mission du Groënland. En chemin, il fut arrêté par des soldats (prussiens sans doute) qui, le prenant pour un vagabond, voulurent l’enrôler par force, et le ballottèrent d’une place à l’autre. Mais il s’en défendit toujours, et fut enfin relâché par la médiation d’un abbé luthérien. Sa femme l’avait suivi partout avec deux enfans qu’elle portait au séminaire de Marienborn pour y être élevés et nourris par les soins et dans les principes de la société des Herrnhuters. Avant de repartir pour le Groënland, il reçut le sacerdoce, qui devait le mettre en état de remplir avec plus de fruit les fonctions de son apostolat. Voici le compte qu’il rend d’un voyage qu’il fit au mois de mai 1746 à la pêche du hareng.

« Le 19, dit-il, nous partîmes au chant des cantiques, sur quatorze umiaks et plusieurs kaiks. Nous fîmes quatre lieues. Le soir j’assistai à l’heure du chant. Ensuite quelques Groënlandais vinrent dans ma tente, où nous eûmes un entretien dont je ne puis rendre l’onction et la douceur ineffables. « Mais dans ces momens de la grâce…. quelle paupière pourrait retenir.… les larmes de joie ?…. Elles brisent leur écluse, et se débordent sur les joues…. comme