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danois, qui, professant la même religion qu’eux, avaient plus de lumières, et joignaient la science au zèle. Cet accord prévint les schismes, les disputes et les scandales, qui plus d’une fois ont fait avorter les progrès de l’Évangile à la Chine ou dans l’Inde. Si, d’une part, les institutions du monachisme inspirent plus vivement cet esprit de corps qui, augmentant la chaleur du zèle religieux, donne plus d’activité, de force et de succès aux travaux de l’apostolat, d’un autre côté, ce même esprit de corps est un germe de dissensions et de zizanie qui détruit ce qu’il édifie, en divisant par des rivalités et des jalousies funestes ceux qui combattent pour la même religion sous des chapeaux de diverses couleurs. Combien de fois a-t-on vu ces légions manquer ou perdre des conquêtes, dont chacune d’elles voulait seule avoir toute la gloire, sans parler de l’utilité ! Heureusement le Groënland n’offrait point de trésors ni de puissance à partager entre les prêtres luthériens du Danemarck et les frères ignorans de la Moravie. Aussi se rendaient-ils tous les devoirs mutuels de la charité chrétienne ; et ce concours de vues et de bons offices avançait ou préparait la conversion des sauvages. D’ailleurs on ne perdait rien de ce qui pouvait faire une impression salutaire sur ces esprits simples : ils, étaient surtout édifiés et touchés de l’attention qu’avaient les frères à ensevelir tous les morts, tandis que les Groënlandais, qui ne rendent ce dernier de-