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sionnaire dit au fils de prendre soin de sa mère. Mais ce malheureux, dès qu’il fut resté seul l’enveloppa de nouveau, la descendit par sa fenêtre dans la mer, et de peur qu’on ne traversât une seconde fois son dessein, il alla l’ensevelir vivante dans une île voisine. Cependant on sut ce qu’il avait fait ; et quand on lui reprocha cette mauvaise action, il se défendit en disant que sa mère avait perdu l’usage de ses sens et de sa raison depuis quelques jours qu’elle avait passés sans manger, et qu’il avait cru faire un acte de piété filiale en mettant fin à ses peines.

Cependant les deux sauvages qui s’étaient particulièrement attachés aux missionnaires demandaient le baptême qu’on leur avait appris à désirer. Mais soit qu’on eût remarqué de l’inconstance dans le caractère de l’un d’entre eux (c’était Manghek), soit qu’il ne fût pas assez instruit, on lui refusa cette grâce : ainsi ce prosélyte rebuté alla rejoindre les sauvages et ne reparut plus à la mission. Les frères tournèrent alors leurs soins sur Kaiarnak et sa famille, qui, après une instruction suffisante, furent baptisés le jour de Pâques au nombre de quatre : le mari, la femme, un fils et une fille.

Mais il n’y avait pas un mois qu’ils avaient reçu le baptême, quand une troupe d’assassins, venus du nord, tuèrent le beau-frère de Kaiarnak, sous prétexte qu’il avait fait mourir par ses maléfices le fils du chef de cette bande.