Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 21.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les tempêtes qui étaient fréquentes, et l’approche de l’hiver faisant craindre des dangers insurmontables au détroit de Magellan, il parut nécessaire au conseil de chercher une retraite jusqu’au retour de la belle saison. On eut les vents si contraires, qu’après avoir été repoussé fort long-temps sur la côte du Brésil, on fut obligé d’y mouiller le 2 juillet, à l’île Sainte-Claire, au nord du cap Frio. Les alarmes continuelles de Noort et la nécessité où il se vit de brûler l’yacht la Concorde, qui manquait d’hommes pour la manœuvre, le déterminèrent à se rendre au port Désiré ; les trois vaisseaux le découvrirent le 20 septembre.

Le 5 octobre, Noort se fit conduire par deux chaloupes bien armées pour aller reconnaître l’étendue du port. Il avança si loin pendant la marée, qu’au retour du flot les chaloupes demeurèrent à sec. On ne vit paraître personne ; mais on aperçut des tombeaux. Le pays est désert, uni, sans arbres, et n’offre que des traces de cerfs et de buffles. Des oiseaux, grands comme des autruches, y sont en fort grand nombre et très-farouches. On en découvrit un nid dans lequel il y avait dix-neuf œufs, mais dont l’oiseau s’envola.

Le 20 on crut voir des hommes vers la partie septentrionale : Noort s’y transporta aussitôt avec les deux chaloupes, et, s’étant avancé dans le pays, il ne rencontra personne. Il n’avait laissé que cinq hommes pour la garde des chaloupes, avec ordre de demeurer sur le