lequel il paraissait avoir une affection particulière, arriva, et fut bientôt suivi de cinquante canots, au fond desquels les historiens espagnols prétendent que les Indiens avaient caché des armes. Malopé, voyant un soldat prendre son fusil, sortit brusquement de la capitane, se rembarqua dans sa pirogue, malgré les efforts qu’on fit pour le retenir, et gagna précipitamment le rivage, où les siens le reçurent avec de grandes démonstrations de joie. Le reste du jour, on vit les pirogues aller et venir avec une vitesse incroyable d’un rivage à l’autre ; les Indiens enlevaient leurs effets des maisons voisines du port. Toute la nuit ils entretinrent des feux allumés de l’autre côté de la baie. Ces apparences n’annonçaient pas des dispositions pacifiques. On ne demeura pas long-temps dans l’incertitude. Le matin, la chaloupe de la flûte étant allée à l’aiguade, tomba dans une embuscade d’Indiens qui poursuivirent les Espagnols à coups de flèches jusqu’à leurs embarcations ; mais le feu des vaisseaux les contraignit de se retirer.
Pour tirer vengeance de cette perfidie, le général envoya Manrique à la tête de trente hommes, avec ordre de mettre tout à feu et à sang. Les Indiens firent bonne contenance, et ne prirent la fuite qu’après avoir perdu cinq hommes. Les Espagnols coupèrent plusieurs cocotiers, brûlèrent des maisons, détruisirent des canots, et se rembarquèrent sans qu’on leur eût tué personne. Dans une autre des-