Ensuite ils s’érigèrent en médecins de ces familles ; et malgré leur ignorance ils réussirent quelquefois à guérir des malades. Mais ce fut surtout, disent-ils, en leur inspirant de la confiance au Dieu qu’ils invoquaient ; de sorte que, si leurs remèdes étaient inutiles au corps, ils ne l’étaient pas toujours à l’âme. Cependant il était difficile d’opérer la conversion sans la guérison. Comme les missionnaires exhortaient les malades à la prière, deux Groënlandais, ne sachant que dire à Dieu, demandèrent comment ils s’y prendraient pour implorer son assistance. Aussitôt les frères firent venir les enfans de ces malades, et leur ayant dit de demander quelque chose à leurs pères, ceux-ci n’eurent pas besoin d’autre modèle de prière pour s’adresser au père des hommes qui entend toutes les langues, et surtout la voix des affligés.
Quand les missionnaires eurent formé ce petit troupeau de néophytes, ils ne perdirent plus de vue leurs chères brebis, les suivant partout, de peur qu’on ne les enlevât du bercail. Ils les acccompagnèrent soit à la pêche, soit dans les foires, profitant de ces voyages pour attirer d’autres Groënlandais. Insensiblement leur troupeau grossit au point que le nombre de quatre pasteurs qu’ils étaient ne suffisait pas pour le conduire. Ils appelèrent donc encore deux de leurs frères d’Allemagne pour coopérateurs, soit dans les travaux qui ne demandent que des bras, soit dans les fonctions spirituelles du ministère évangélique.