pitane, laissant leurs armes dans leurs pirogues. De ce nombre était un homme de bonne mine, maigre, les cheveux blancs, âgé d’environ soixante ans, coiffé de plumes bleues, rouges et jaunes, et armé d’un arc à pointes d’os. Deux personnes qui paraissaient supérieures aux autres se tenaient à ses côtés. On vit bien à sa parure et au respect que lui marquaient les Indiens que c’était un de leurs principaux chefs.
Le général l’accueillit affectueusement ; il le prit par la main et lui fit entendre qu’il était le commandant de la petite flotte. L’Indien dit qu’il se nommait Malopé ; et moi Mendaña, répondit le général. À l’instant l’Indien lui fit entendre qu’il fallait faire un échange de noms ; qu’il porterait désormais celui de Mendaña, si le général voulait accepter celui de Malopé. L’échange parut combler de joie ce bon vieillard. Il dit aussi qu’il s’appelait Tauriqué, ce que l’on prit pour un titre équivalent à celui de chef ou de cacique. Mendaña lui fit présent de quelques bagatelles qu’il reçut avec beaucoup de reconnaissance. Les soldats distribuèrent aussi divers colifichets aux Indiens, qui pendirent à leur cou tout ce qu’on leur donnait.
Les Indiens venaient sans cesse à bord des vaisseaux espagnols ; ils leur apportaient des vivres ; mais cette bonne intelligence ne fut pas de longue durée. Le cinquième jour, Malopé, qui faisait de fréquentes visites au général pour