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Il poursuivit sa route à l’ouest, et, après avoir employé dix-sept jours à faire cent soixante lieues avec des vents contraires et opposés à sa marche, il rencontra une batture qui s’étendait du nord-ouest au sud-ouest, sur une longueur d’environ quinze lieues, dans le milieu de laquelle s’élevaient quelques îlots ; elle fut nommée Baxos de la Candelaria (les Basses de la Chandeleur), nom qui paraît indiquer le jour de la découverte. Le milieu de la batture est à 6° 15′ sud. On aperçut une autre terre sur laquelle on porta, et on y laissa tomber l’ancre dans un port qui fut appelé Santa-Isabel de la Estrella (Sainte-Élisabeth de l’Étoile.)

Les insulaires adorent des serpens, des crapauds, et d’autres animaux. Leur teint est bronzé, leurs cheveux sont crépus ; ils n’ont de couvert que les parties naturelles. Ils se nourrissent de cocos, et d’une espèce de racine qu’ils nomment venaous. Ils ne mangent point de viande, et ne connaissent pas l’usage des liqueurs fermentées ; aussi ont-ils le teint plus clair que les premiers que l’on avait vus. Mais on ne peut douter qu’ils ne soient anthropophages, le cacique ayant envoyé en présent à Mendaña un quartier d’enfant auquel tenaient le bras et la main. Le général espagnol le fit enterrer en présence de ceux qui l’avaient apporté : ils parurent offensés et confus du mauvais succès de leur ambassade, et se retirèrent la tête baissée.