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faire aiguade à cette rivière ; de sorte que l’on souffrit une si grande disette d’eau pendant cinquante jours, que les chats et les chiens des navires burent du vin pur, ne pouvant supporter l’eau de mer. En approchant du détroit, on vit sur le rivage une vingtaine de Patagons qui paraissaient joyeux de l’arrivée des Espagnols.

Le temps devint si mauvais et si froid quand on se fut engagé dans le détroit, qu’à force d’instances on détermina Alcazova à retourner aux îles qui sont à l’entrée orientale. On y mouilla donc, et deux cents hommes débarquèrent sur la côte du continent, l’amiral à leur tête, pour aller à la découverte. Alcazova, déjà malade, ne put soutenir les fatigues de la marche, et revint au camp avec les plus faibles de la troupe, laissant le commandement à Rodrigue de la Isla. Celui-ci tira au nord-ouest, et souffrit beaucoup de la soif dans un trajet de vingt-cinq lieues, jusqu’à une rivière étroite, rapide et profonde, située entre deux montagnes, qui reçut le nom de Guadalquivir. Quatre femmes se trouvaient là avec un vieillard, occupées à moudre une graine qui faisait leur nourriture avec la chair de guanaco. Le vieillard en avait un apprivoisé qui lui servait à en attraper d’autres au piége quand ils venaient boire à la rivière. Les Espagnols, ayant construit un radeau, et pris les femmes pour guides, passèrent la rivière, traversèrent à gué un ruisseau bordé d’osiers, franchirent des